Libéralisme identitaire, carnet de notes

J’ai conscience que ce que je vais dire est flou, mais je ne suis pas vraiment “national-libéral”. Je ne supporte plus, comme beaucoup, de voir les nations européennes se battre entre elles, puis promouvoir l’africanisation générale. La nation moderne exalte la différence avec le voisin proche et oublie l’essentiel, l’européanité. Cette européanité ne s’incarne pas dans des nations, mais dans un ensemble de peuples. Cette essence des peuples s’exprime par la liberté qu’ils ont encore, pas par la volonté des Etats. Le souverainisme a essayé le nationalisme sans le peuple, réduisant la nation à peau de chagrin, à la simple expression de l’Etat. J’aimerais essayer le contraire, plus de peuple, moins de nationalisme, moins d’étatisme. Si les gens veulent vraiment intrinsèquement vivre avec ceux qui leur ressemblent, si même les blancs de gauche préfèrent vivre avec des blancs de droite et inversement, alors peut-être que la nation n’est pas le bon angle pour nous organiser efficacement.

En étudiant l’islam, j’ai appris une chose. L’étatisme nous rend faible dans un monde de plus en plus décentralisé, hyper-mobile, connecté. En tant qu’enfants de l’Empire romain, sans l’Etat, nous nous sentons dépossédés des moyens de subsistance de notre identité. Voilà pourquoi nous sommes tant obsédés par l’assimilation. Mais c’est en donnant à l’Etat la gestion de notre identité que nous nous sommes condamnés. À l’heure d’internet, l’Etat n’a plus aucune influence sur les mentalités. C’est à ce moment que je me suis pris à rêver d’une civilisation occidentale capable d’être décentralisée, parfaitement capable d’épouser la complexité et la pluralité des Européens sans créer de frustration. La civilisation européenne devrait être capable d’exister partout où les Européens existent et s’organisent entre eux autour de principes forts et tangibles : l’héritage greco-romain, la culture chrétienne, le matérialisme humaniste, le désir de liberté, et l’identité européenne. Voilà pourquoi le libertarisme m’intéresse.

Je ne renie pas du tout l’idée de nation si elle est une forme d’organisation libre. Mais j’aime cette idée qu’à tout moment, un groupe d’Européens devrait pouvoir décider de faire sécession pour tester quelque chose de nouveau, tout en continuant de faire partie du monde européen quand même. J’ai une immense admiration pour les pionniers européens qui sont partis d’Europe pour vivre selon un modèle qu’ils pensaient meilleur. C’est comme cela que l’Occident est né. Aujourd’hui le monde est rempli de nations et d’états qui ne tolèrent pas la partition, il n’y a plus d’échappatoire à leur emprise. Pis, ils s’arrogent le droit de décider de ce que doivent être le peuple et l’identité. J’aimerais un autre modèle. C’est comme cela que je vois l’Occident en 2100.

Peter Columns

Entrepreneur, ingénieur spécialisé dans les technologies d’Intelligence Artificielle.