Les Occidentaux pris dans la tenaille universaliste. Entre l’enclume des institutions, et le marteau de la déconstruction.

Ces dernières années, un débat est né au sein des pays occidentaux, un affrontement idéologique d’une rare violence qui occupe une place de plus en plus importante dans le débat public. En France, ce débat se matérialise par une lutte entre le camp dit de l’universalisme, et celui du décolonialisme. Aux Etats-Unis, ces deux adversaires seront appelés légèrement différemment, avec une lutte entre le nationalisme civique et le courant des “wokes”.

Pourtant, malgré la virulence du combat idéologique entre ces deux ennemis déclarés, il semble de plus en plus que nous ne soyons pas en face d’une différence de nature comme il l’est clamé, mais de degré. Il semble essentiel d’analyser les termes de ce conflit idéologique, et la façon dont il impose un thème commun à la société, qui se révèle profondément mortifère pour les occidentaux, pris en tenaille.

Les universalistes, adeptes de la religion des institutions

Ceux qui se déclarent comme universalistes croient dans des institutions étatiques fortes, surplombant les individus et le peuple. Les citoyens, de quelque origine, de quelque religion, de quelque pensée politique que ce soit sont sommés de s’y soumettre afin que la société puisse fonctionner sur un seul et même modèle. Les universalistes héritent d’une vision profondément étatiste du monde et pensent fondamentalement que les institutions ont une vocation universelle qui peut s’étendre à tout peuple sur terre, moyennant des investissements dans l’éducation et la justice.

Pour les universalistes, les institutions fondent le peuple, qui n’a pas de réelle existence sans elles. L’idée est que la simple existence et valorisation de ces institutions conduit à la transformation de populations. Ainsi, l’immigration de masse ne pose jamais problème, car les nouveaux arrivants sont censés se fondre dans ce moule institutionnel au pouvoir presque divin, tant il est perçu comme illimité. 

En ce sens, ils sont les descendants idéologiques des colonialistes. La différence est qu’ils défendent désormais cet ancien projet idéologique sur le sol français. La France elle-même, dans leur esprit, doit être administrée comme une colonie de l’ancien temps. Et tout n’est affaire que de moyens supplémentaires pour les institutions, afin que le grand rêve universaliste puisse s’accomplir. Seulement, et ce malgré les moyens engagés, les résultats ne viennent pas.

Les décoloniaux, enfants du premier universalisme, exigent les résultats qui étaient promis

Les seconds, ceux qui se déclarent comme décoloniaux, ont acté l’échec des premiers. Eux aussi, croient que la France est une colonie de l’ancien temps. Ils héritent de la vision colonialiste des premiers. Mais ils ont acquis la conviction que les institutions n’étaient pas universelles comme elles le prétendaient. Après des décennies de politique d’intégration, l’échec est patent. Malgré des moyens considérables, et une volonté politique radicale, les inégalités n’ont pas été réduites entre les différents groupes socio-raciaux. De nombreuses statistiques sociales attestent effectivement de ces faits.

La cause de ces inégalités persistantes et incompressibles, pour eux, réside dans les institutions elles-mêmes. Elles comporteraient dans leur propre fonctionnement l’expression de la “blanchité” et du “racisme systémique”, produisant ces inégalités.

Ils jugent que les institutions dites universelles ne sont l’expression que de la pensée de l’homme blanc, adaptée à la société blanche, pour des blancs. L’universalisme véritable, en effet, ne saurait être construit autour de la femme et de l’homme blancs, qui par définition ne peuvent pas être universels. Or, problème, 99.99% de l’héritage occidental est blanc, représente le Blanc, et n’inclut aucune forme de “diversité”.

Les institutions des universalistes, pour les décoloniaux, produiraient fondamentalement du racisme et excluraient pernicieusement les non-blancs. Elles manqueraient d’inclusivité. Ils partent alors du principe qu’un universalisme digne de ce nom ne peut reposer sur ces bases, et qu’il convient donc d’en entreprendre un nouveau, plus praticable, plus global, plus mondialisé.

Les occidentaux, pris en tenaille entre ces deux courants jumeaux

Les premiers universalistes, voient d’une manière très hostile cette dissension dans leurs rangs et appellent à un retour à l’universalisme premier, celui qui a déjà échoué pendant la colonisation du monde par l’Occident et par les politiques d’intégration occidentales de l’immigration de masse de la fin du XXe siècle et du début du XXIe. Leur argument principal est que la couleur de peau, la race, ne doit pas être mentionnée et doit rester un non-dit. Ils déclarent ainsi qu’il existerait une lutte entre ceux restés universalistes, et une nouvelle frange devenue anti-universaliste, voir racialiste.

Dans cette lutte, il est dit que nous serions face à deux idéologies radicalement différentes.  Mais nous sommes plutôt face à une tenaille qui s’emploie à la déconstruction des peuples occidentaux. Ce projet de déconstruction prend en effet deux visages différents mais complémentaires, avec pour objectif de réussir l’intégration de populations importées en masse:

  1. Celui de l’universalisme, qui réduit l’identité des occidentaux à quelque chose de purement administratif et institutionnel, des pans entiers de l’identité des occidentaux devenant tabous car non-inclusifs.

  2. Celui du décolonialisme, allant plus loin, considérant qu’entretenir des tabous n’est pas suffisant, que ce qui est caché s’exprime malgré les non-dits de toutes façons, et qu’il faut donc pleinement parler de ces pans entiers de l’identité occidentale occultés pour les déconstruire. L’idée est de les faire disparaitre à tout jamais, d’accomplir le véritable universalisme, et de réussir l’intégration des populations extra-européennes.

Il n’y a pas de différence de nature entre l’universalisme et le décolonialisme, mais de degré. Le projet, lui, reste inchangé. Les deux déconstruisent les occidentaux, avec pour base le changement de population sur le sol occidental, que les occidentaux doivent accepter, et dans lequel ils doivent se fondre.

L’Occident ne devient plus une civilisation, des territoires, des peuples, mais une machine à unifier l’humanité. Les peuples occidentaux, eux, sont réduits à l’état d’instrument, redéfinissables à volonté, au service d’une intégration sans fin. Une nécessité d’intégration qui devient de plus en plus exigeante et tyrannique.

Il y a donc l’enclume sur laquelle nous sommes maintenus: poser des tabous, immobiliser les européens dans le vide sémantique et identitaire, faire croire que les sacro-sainte institutions peuvent assimiler des millions de personnes.

Mais aussi le marteau qui nous frappe: déconstruire ce que nous sommes pour mieux nous faire correspondre à l’immigration importée en masse, la culpabilisation permanente des occidentaux, le fait que chaque débat sur l’identité réduise petit à petit l’expression de ce que nous étions.

Conclusion

Nous sommes donc face à un projet unique, que ce soit par le médium du tabou réduisant notre identité au simple administratif, interdisant la mention du reste, ou bien le médium de la déconstruction, mettant les pieds dans le plat, s’attaquant à ce qui gêne la progression du projet universaliste, s’engageant directement dans la réécriture de l’Histoire des peuples européens ou bien à allant à exiger des mécanismes qui rééquilibreraient le “racisme systémique” des institutions.

Ces courants ne sont pas réellement en affrontement l’un avec l’autre, mais représentent deux processus simultanés qui déconstruisent et broient les populations occidentales. L’intégration impossible, les mensonges sur la réelle nature du processus d’assimilation, l’utopie de l’égalité de résultat, les tabous, créent des distorsions de plus en plus fortes au sein de la société et appellent à la déconstruction. 

Le marteau tape alors de plus en plus fort les populations originelles, qui ne feront jamais assez d’efforts, seront toujours trop laxistes, jamais assez inclusives, et jamais assez déconstruites pour que l’idéal tant souhaité se réalise.

Le véritable enjeu de cette lutte repose probablement sur la sauvegarde des tabous, la réelle crainte des universalistes étant que les décoloniaux, par leur férocité, réveillent tout ce qui devait être occulté. Il s’agirait alors de la peur que le marteau finisse par fracasser l’enclume à force de frapper si fort sur les occidentaux, avant que leur déconstruction ne soit achevée. 

Un bon exemple de ce conflit est la question des statistiques ethniques, voulues par les décoloniaux pour appliquer plus implacablement la discrimination positive, et combattues par les universalistes car cela révèlerait la part plus que considérable de l’immigration extra-européenne dans la criminalité.

Peter Columns

Entrepreneur, ingénieur spécialisé dans les technologies d’Intelligence Artificielle.